L’enfant est responsable et innocent à la fois
De la responsabilité de l’enfant
L’enfant, par amour pour son parent se sacrifierait jusqu’à la mort. L’enfant, dans son cœur dit : « plutôt moi que toi ». L’enfant est en loyauté avec son parent quoi qu’il se passe, quoi que le parent fasse et quoi que le destin exige de lui.
L’amour de l’enfant est un amour qui est fait d’attachements. L’enfant s’attache à sa famille par amour, pour le meilleur et pour le pire. Quelles que soient les exigences, l’enfant les accomplit avec amour, même si cela lui coûte le bonheur et la vie. (lire plus)
Bert Hellinger
à la découverte des constellations familiales, de la théorie à la pratique
Par amour, l’enfant va donc reprendre des déséquilibres à sa charge. Par exemple, un enfant abusé, incestué, violenté cherche inconsciemment à compenser un déséquilibre dans le système. L’enfant, quelque part, le fait « de bon cœur ».
En se sens, l’enfant est responsable.
De l’innocence de l’enfant
D’un autre côté, l’innocence de l’enfant s’exprime à travers le fait que celui qui est le plus fort va s’en prendre à celui qui est plus faible. Il est plus facile de battre le plus faible que de battre celui qui est notre égal.
En ce sens, l’enfant est innocent.
Exemple d’illustration inspiré de cas observés en consultation
Une fille est battue par son père. Lors du placement, on se rend compte que le père veut tuer sa propre mère. Comme il est l’enfant de sa mère : il ne peut pas tuer sa mère. Et il est plus facile de battre sa fille que de battre sa femme. En réalité, parce qu’il ne peut tuer sa mère, il voudrait tuer toutes les femmes. Il est prisonnier de son amour pour sa mère et de son désir de la tuer.
L’élan d’amour de la fille pour ses parents lui fait prendre en charge la haine du père envers sa propre mère et par extension envers toutes les femmes. Elle protège le père de commettre l’irréparable et elle protège sa mère de la haine de son père envers toutes les femmes.
« Je le fais pour toi, maman. Je le fais pour toi, papa »
Elle est responsable et innocente. Le père quant à lui doit faire face à son destin et aux conséquences de ses actes.
Responsabilté et innocence
Il est indispensable de prendre en considération ces deux aspects pour protéger l’enfant et son innocence sans pour autant l’enfermer dans un statut de victime.
Quand je regarde un enfant abusé, violenté avec le regard de la responsabilité, je peux le voir fort, possédant une force dont les autres enfants ne sont pas porteurs. Je lui laisse sa dignité.
Quand je le regarde à travers le prisme de l’innocence, je peux le prendre dans mon cœur et le protéger. Il peut rester le petit qu’il est.
Voir l’enfant à travers ces deux prismes-là simultanément, permet de le protéger, de reconnaître sa blessure sans pour autant le déposséder de sa force et l’enfermer avec une étiquette de victime.